Notre pédagogie
Basée sur la pédagogie d'Emmi Pikler
La valeur de l'activité autonome.
L’idée fondamentale est que l’enfant puisse être acteur à tous moments de la journée dans un cadre adapté.
Chez le tout-petit, on parle de motricité libre. Selon Pikler, l’enfant nait avec un équipement génétique lui permettant de passer par les différents stades de la psychomotricité sans l’aide de l’adulte.
L’adulte n’intervient pas directement dans le jeu mais exprime discrètement son intérêt à distance pour aider l’enfant à prendre conscience de ses progrès. Le regard bienveillant de l’adulte reste primordial. L’enfant qui apprend par lui-même est plus confiant en lui pour ce qu’il a acquis mais aussi dans la vie en général.
Il faut veiller à mettre à sa disposition le matériel pour le stimuler. Par exemple, des barrières pour que le bébé puisse se tenir pour expérimenter la position debout quand il en aura envie, des petites chaises pour que ses pieds touchent le sol lorsqu’il est assis, … Nous veillons également à habiller les enfants avec des tenues confortables afin qu’ils puissent se mouvoir librement.
Chez les plus grands, l’espace est réfléchi pour qu’ils puissent vaquer à leurs occupations sans l’intervention de l’adulte, avoir en libre-service des jeux adaptés à leurs besoins sans devoir attendre que l’adulte soit là pour leur donner, choisir leurs vêtements, se servir eux-mêmes lors des repas.
La nécessité de favoriser chez l'enfant la prise de conscience de lui-même et de son environnement.
Pour Emmi Pikler, ce qui importe c’est d’offrir des repères spatio-temporaux qui rendent l’environnement prévisible pour l’enfant et lui permettent de savoir qui il est, ce qui lui arrive, ce qu’on lui fait, qui s’occupe de lui.
Nous mettons en place un tour de rôle pour les bains, les repas et la mise au lit. Ce tour de rôle est le même chaque jour, ce qui permet à l’enfant d’anticiper ce qui va arriver. Peu importe quel adulte travaille, l’enfant retrouve tous les jours la même façon de faire. Ce tour de rôle est également un cadre clair sur lequel s’appuie l’adulte afin de ne pas faire intervenir ses émotions dans son organisation.
L’espace est également organisé afin de devenir un repère stable. Il est délimité de façon à ce que l’enfant sache ce qui s’y trouve et ce qu’on y fait. Il retrouvera toujours tel jeu à tel endroit. La place à table de l’enfant est fixée par l’équipe et ne dépend donc pas de l’humeur et de l’ambiance du moment.
Nous avons également mis en place un semainier qui permet aux enfants de savoir quelle puéricultrice/éducatrice sera présente le matin et laquelle la remplacera l’après-midi.
Au-delà des repères spatio-temporaux, c’est aussi en faisant appel à sa participation qu’on l’aide à se connaître et à s’exprimer et donc à s’affirmer en tant que personne.
Pour ce faire, chaque enfant a une puéricultrice/éducatrice de référence qui va suivre son histoire de près tout au long du placement. Elle lui fera des albums photos pour qu’il puisse garder des souvenirs et des images de son évolution et lui montrer qu’il a eu de l’importance et qu’on s’est occupé de lui durant cette période difficile de sa vie. Le rôle du référent est d’offrir à l’enfant un sentiment de continuité malgré les différentes ruptures qu’il a pu vivre en lui parlant de lui, en lui racontant son histoire et en lui parlant de son avenir quand celui-ci est clairement défini.
Par ailleurs, les enfants vivant en institution ont moins l’occasion de découvrir le monde qu’un enfant de famille. C’est pourquoi nous essayons de prévoir des moments de sorties avec des personnes qu’ils connaissent bien. Cela commence, pour les bébés, par des sorties dans les bras de leur puéricultrice. Petit-à-petit, ils commenceront à aller se promener dans le quartier, au parc, découvrir les trajets en voiture, en train, … Des petites excursions d’une journée ou des voyages à la mer peuvent être envisagés quand les enfants se sentent rassurés à l’extérieur de la pouponnière.
L'importance d'un bon état de santé physique qui sous-tend mais aussi résulte de la bonne application des principes précédents.
Pour Emmi Pikler, un bon état de santé passe par le respect du rythme propre à l’enfant : notamment par le respect du rythme du sommeil et de l’appétit. « Ni la cuillère de trop ni celle trop peu ». On fait confiance à l’enfant et c’est lui qui nous montre quand son besoin de manger est satisfait. La cuillère est présentée devant la bouche de l’enfant comme une proposition.
Nous pouvons compter sur l’infirmière qui se rend tous les jours de la semaine dans les groupes de vie. Deux fois par semaine, elle est accompagnée par la pédiatre afin de voir les enfants qui seraient malades. C’est également l’infirmière qui assume la majorité des rendez-vous médicaux extérieurs.
Nous collaborons également avec différents psychomotriciens, logopèdes, et psychothérapeutes que ce soit intra-muros ou extra-muros.
Nous encourageons la vie au grand air ; les enfants profitent d’un espace extérieur en libre accès. Au fil des années, nous avons pu faire construire une terrasse pour chaque groupe afin que tous les enfants puissent avoir accès à l’extérieur.
Les enfants ont également la possibilité de venir jouer dans la cour lorsqu’un adulte est disponible pour les y accompagner.
La valeur d'une relation affective privilégiée et l'importance de la forme particulière qu'il convient de lui donner dans un cadre institutionnel.
Pour Emmi Pikler, il est nécessaire que les enfants puissent s’appuyer sur des relations significatives avec les adultes qui s’occupent d’eux. Elle limite le nombre d’enfants et le nombre d’adultes qui gravitent autour ; 8 équipes de 5 puéricultrices/éducatrices qui prennent en charge un groupe de 8 enfants.
L’enfant, pris la plupart du temps dans la collectivité, doit pouvoir avoir des moments individuels de qualité avec l’adulte ; c’est dans ces moments que l'adulte peut construire avec l'enfant une relation affective privilégiée.
Ces rencontres avec l’adulte se font lors des bains, toilettes, repas, mise au lit. Durant ces moments, l’adulte veille à avoir son attention exclusivement portée à l’enfant afin de lui offrir un moment de relation privilégiée. C’est un temps où l’adulte échange avec l’enfant de ce qu’ils sont en train de faire, de ce que l’enfant vit au quotidien.
A travers ces moments, on vise à offrir à l’enfant une expérience d’attachement sécure sur laquelle il pourra s’appuyer pour se construire.
Nous devons rester vigilantes à ce que cet attachement entre la puéricultrice/éducatrice et l’enfant reste professionnel. Un parent prend soin de son enfant parce qu’il l’aime ; la puéricultrice/éducatrice s’attache à l’enfant parce qu’elle en prend soin.
Dans cette optique, nous demandons aux puéricultrices/éducatrices de pouvoir accueillir les élans des enfants sans pour autant faire intervenir leurs propres élans spontanés. La puéricultrice/éducatrice doit pouvoir accorder la même attention à chaque enfant, ne pas faire de différences entre les enfants même si elles sont plus touchées par l’histoire de l’un ou de l’autre, les câlins et bisous se font sur demande de l’enfant et pas à l’initiative de l’adulte.
En conclusion
S'occuper des enfants selon cette méthodologie constitue en soi une thérapie dont on peut voir les bénéfices parfois très rapidement. En effet tenir compte de ses préférences, de ses goûts demande une connaissance fine de l'enfant et lui permet de réaliser à quel point il est important pour l'adulte. Donner à l'enfant l'occasion de prendre conscience de son environnement et d'agir sur lui, lui permet de s'inscrire dans la réalité et d'avoir prise sur celle-ci.
Pendant les soins, la relation qui s'établit entre l'enfant et l'adulte est une façon de l'aider à prendre conscience de lui même et de s'ouvrir à l'autre avec confiance. Cependant, la problématique de certains enfants nécessite parfois une prise en charge différente, plus spécialisée. Nous faisons alors appel, selon le cas, à des psychomotriciens ou à des thérapeutes indépendants.